Nous allons dans le mur... En ayant pris soin d’allumer les phares !
Je rejoins la colère de Laetitia, l’héroïne du roman. Aujourd’hui, nous savons et malgré cela, et pour des raisons mercantiles, le monde continue à foncer droit devant. Des jeux olympiques d’hiver sans neige naturelle qui ont lieu à grands renforts de machines (comme dans le Snow Hall du livre), une coupe du monde de football en plein désert avec des stades climatisés sont des exemples planétaires de cette folie inarrêtable.
Nous essayons par tous les moyens d’agir quotidiennement sur notre environnement immédiat mais nos forces s’épuisent face à l’aveuglement des « puissants ».
Alors comment ne pas saluer les actes ultimes, les cris d’alerte, les « sacrifices » qui tentent de réveiller ceux qui détiennent le pouvoir et comment les empêcher par tous les moyens de nous précipiter dans le mur.
Ce roman secoue, dérange car il sort de la non-violence et témoigne d’une impatience : celle de mettre le feu aux poudres des consciences avant que ce même feu nous réduise en cendres.
Le tableau de la famille dressé dans le roman reflète bien toutes les contradictions qui divisent les cercles intimes. Entre la difficulté de faire le deuil d’une mère qui avait conscience de la gravité de la situation et qui commençait à planter des graines pour l’avenir et un père « aveuglé » par sa volonté de réussite sociale, Laetitia n’a d’autre choix que celui de rompre un silence qui ressemblerait trop à une complicité. Elle affronte sa sœur jumelle et « massacre » son beau-frère, imbécile heureux ou qui croit l’être en se goinfrant de viande jusqu’à l’indigestion.
Oser parler, dire, au cercle rapproché, que ce sera sans nous, cette mascarade suicidaire de la consommation à outrance, oser dire « Non-Stop-Ça suffit ! » n’est pas chose aisée ! Combien de fois avons-nous été confronté.e.s à l’oncle goguenard ou à la cousine conformiste, au grand-père chasseur ou à la nièce ultra-libérale.